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Propagande libérale à flux tendus

Publié le par pcf23

Il est des jours comme ça, où la doxa libérale à l’heure du café matinal passe encore plus mal qu’un autre.

Tenez, l’ineffable Nicolas Beytout qui y a table ouverte déverse de son débit suave ses vérités d’évidence : il n’y a que deux sortes d’argent, public ou privé. Et donc, il faut choisir entre l’un et l’autre. Mais comme il n’y a plus de marge de manœuvre pour toucher au privé, il faut donc que le public paye. Comme le dirait Molière : « Et voilà pourquoi votre fille est muette… » Il est vrai que, lorsqu’on a été membre de la très sélecte Commission tri¬latérale et salarié de la plus grande fortune de France, et quatrième mondiale, on peut comprendre certaines pudeurs…

L’ancien journal de M. Beytout, les Échos, titre en une, en haut : « Dépenses, impôts : le débat enfle sur la rigueur », en bas : « CAC 40 : une première salve de résultats encourageants ». En effet, il n’y a plus de « marge » côté « argent privé »… Après la désindexation des pensions, prévoir une nouvelle atteinte au droit à la retraite. Fiscaliser les allocations familiales. Réduire les dotations aux collectivités locales. Tailler dans la formation professionnelle… autant de pistes énumérées avec gourmandise par le quotidien des affaires et qui seraient envisagées au sommet de l’État. Depuis quand le public et le privé seraient-ils 
si étanches l’un à l’autre ? Lorsqu’il s’agit de sauver le système financier et de multiplier par trois la croissance de la « dépense publique » dont la dette, comme en 2008-2009 ? Quand on institue d’un côté un crédit d’impôt « compétitivité » de 20 milliards d’euros sans aucune contrepartie sociale et environnementale et, de l’autre, que l’on réfléchit 
à supprimer 4 milliards 
de dépenses publiques utiles pour le financer ?

Les grands groupes du CAC 40, ceux qui réalisent 
le plus de bénéfices et continuent de goinfrer 
leurs actionnaires au détriment de l’emploi, paient 
en proportion moins d’impôts que les PME. N’y a-t-il pas à aller voir de ce côté ? Quand la fraude fiscale est estimée à un an d’impôt sur le revenu, que plus on est riche moins on paye d’impôts, est-ce à la solidarité nationale – retraites et allocations familiales – de pallier l’absence de volonté publique de s’attaquer à ces fléaux ? Ou ne pourrait-on pas aussi réfléchir à une autre progressivité de l’impôt, avec de nouvel¬les tranches ? Sans parler des communes, régions et départements, pourtant cruciaux dans le soutien à l’économie réelle, qui ont plus que perdu au change, entre suppression de la taxe professionnelle et nouvelles cotisations locales mises en place par la droite. 80 % des entreprises ont vu ces impôts baisser. Le chômage a-t-il décru ? Il a explosé ; l’investissement productif et la recherche sont restés atones.

Beaucoup, à gauche, commencent à mettre en question cette logique. Oui, le débat existe, mais il prend une autre tournure. Certains au Parti socialiste, d’autres dans la majorité gouvernementale, telle Cécile Duflot, évoquent « le devoir d’investissement ». Face à ceux qui veulent épargner la rente, rendre populaire, comme y invite la campagne du Front de gauche, l’idée que l’austérité nous entraîne dans un puits sans fond et que d’autres voies sont possibles est urgent, mieux, moderne et salvateur.

 

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